Tv dépendance

 

 

 

J’ai choisi les cailloux dans mes chaussures

 

Et laisser le vent ébouriffer ma coiffure

 

Elle n’sera plus vraiment droite ma houppette

 

Mais j’m’en fous je me trouve encore chouette

 

 

 

J’me sens si vivant

 

Loin de ce divan

 

Bien ancré à cette terre

 

J’arrive pas à m’en défaire

 

J’me sens moins taré

 

Que devant cette foutue télé

 

 

 

Je préfère aller sur mon p’tit terrain

 

Parler avec mes chers vers de terre

 

Qui loin des blablas de la Cop21

 

Prennent soin de ma belle terre

 

 

 

J’me sens si vivant

 

Loin de ce divan

 

Bien ancré à cette terre

 

J’arrive pas à m’en défaire

 

J’me sens moins taré

 

Que devant cette foutue télé

 

 

 

Et au lieu de zyeuter les belles poupées

 

Qui pintadent dans ces télé-réalités

 

Je rejoins en haut du toit

 

Comme un chat de gouttière

 

Ma p’tite voisine Clémentine

 

 

 

Vincent Pageault 2016

 


MON BEAU PAYS - PENSÉE D'UN LENDEMAIN

 

Ô toi, mon beau pays, tant loué,

Ô toi, mon beau pays tant vanté,

De toi qu'avons-nous fait ?

De toi qu'avons-nous fait ?

Ô toi à l'Aura autrefois universelle,

Ô toi devenu aujourd'hui faible étincelle,

Nous t'avons avili,

Nous t'avons sali,

Ô toi à la grandeur admirée,

Ô toi à la majesté incontestée,

Nous t'avons bafoué,

Nous t'avons dégradé,

Ô toi, ô toi,

Ô toi, ô toi,

Si souvent cité,

Si peu respecté,

Ô toi, ô toi,

Que sortent de tes tiroirs secrets,

Celles et ceux sur qui compter,

Des architectes de demain,

Pour édifier ton nouveau destin.

 

'Seul l'or est humain ! Creusez l'âme plutôt que les montagnes et la richesse apparaitra !' (DPOIRIER - Mes pensées en désordre). Bonne journée,



 

 

La lettre

 

 

 

                                                      J'ai cherché d'abord sous mon oreiller

 

Je n'ai rien trouvé

 

Mon sac d'école renversé pour découvrir

 

Entre les cahiers cette lettre

 

Mais là encore je n'ai rien déniché

 

J'ai même osé ouvrir le tiroir de ton bureau

 

Entre les factures et le courrier

 

rien ne m'était destiné

 

 

 

Je suis retourné dans ma chambre

 

Brassé mon coffret à jouet

 

Cherché entre les briques de couleurs

 

et mes petits personnages de plastique

 

J'ai même regardé dans le coffre de la voiture de police allemande

 

 

 

J'ai ausculté mon petit éléphant de peluche

 

Mais ce confident ne m'a rien donné

 

 

 

Si tu savais comme j'aurais tant aimé

 

 

 

Juste un petit mot griffonné

 

Même une phrase raturée

 

Un début, un fragment d'un conseil

 

D'un réconfort

 

 

 

Si tu savais comme j'aurais tant aimé

 

 

 

Puis j'ai visionné tes vieilles VHS

 

Regardé si entre nos souvenirs filmés

 

Il y avait un message presque subliminal

 

Une aide en forme de clin d’œil

 

Mais là encore rien que des joies envolées

 

J'ai écouté tes cassettes audio enregistrées

 

Entre ces morceaux de musique j'ai espéré

 

Entendre un peu ta voix rien que pour moi

 

 

 

J'ai même été prêt à retourner

 

Les plates bandes du potager

 

Démonter chaque partie de cette maison

 

De la toiture à la cave si sombre

 

Cet endroit qui m'a vu grandir et tant pleurer

 

 

 

Mais il a bien fallu faire face à la réalité

 

Apprendre le cœur serré à accepter

 

 

 

Si tu savais comme j'aurais tant aimé

 

Tant aimé

 

 

 

Il n'y a jamais eu de lettre

 

Pas de p'tits mots pour me consoler

 

Pas de guide pour m'accompagner

 

Rien que le vide autour de moi

 

Et ce mot toujours et toujours répété

 

Cette souffrance a vous cogner la tête

 

Contre les murs contre ces proches

 

Et ces questions non posées

 

 

 

Le temps est désormais passé

 

Sur ce chemin si souvent perturbé

 

J'ai construis une vie sur des fondations

 

Si fragiles si instables

 

Avancé sans vraiment comprendre

 

 

 

Aujourd'hui je nettoie mon passé

 

Je souhaite avec toi avancer

 

 

 

Toi devenu lumière  éclat de Dieu

 

Moi simple citoyen de ce monde

 

 

 

Ensemble à nouveau s'unir

 

Comme il y a tant d'années

 

Toi là haut moi ici bas

 

Guider à l'unisson nos pensées

 

Vers mes frères de larmes

 

 

 

Écrire une lettre pour les aider

 

Mettre des bougies pour les guider

 

Les consoler par notre lumière envoyée

 

Avec toi leur apporter du réconfort

 

Répondre à ces nombreuses questions

 

Qui m'ont si souvent hantées

 

Transformer ma peine en amour

 

Pour éviter la chute vers ce gouffre

 

 

 

 

 

Vincent PAGEAULT 2019

 

 

 

 

 

 


Les assemblées.

 

 

 

Plus de 35000 jours ici-bas.

 

Que reste-t-il de ces moments passés ici sur cette terre ?

 

La chanson du poète est souvent présent, il y a le fauteuil et le lit. Ces  journées qui passent.

 

La télévision qui diffusait ces émissions quotidiennement que l’on regarde sans vraiment la regarder entre quelques courtes siestes.

 

Il y a les assemblées.

 

Aujourd’hui la vie ressemble à la chanson du grand Jacques. Du lit au fauteuil, en passant à la table de la cuisine pour les repas apportés.

 

La journée est ponctuée par la visite à des heures précises des aides à domicile.

 

Il faut de l’aide pour se lever, pour se laver, pour s’habiller, les repas, pour organiser le quotidien et payer les factures.

 

Mais, elle reste dans sa maison, aménagée depuis peu pour s’adapter à son âge, pour ne pas être absorbé par ces structures si souvent inhumaine qui finissent par devenir des mouroirs.

 

Cette maison aurait tant à dire, s’il elle pouvait. Tant de moments dans cette demeure, tant de passages, des rires de repas entre amis.

 

Elle est sa mémoire, car la sienne n’est plus vraiment fiable.

 

Mais il y a les assemblées.

 

Bien sûr qu’elle sait encore qui elle est, elle reconnait les rares personnes qui viennent la voir.

 

Mais forcément, il y a des trous quand le passé revient dans les discussions.

 

Il faut l’aider, poser les dates et les noms des personnes pour que s’ouvre la boite à souvenir. Et d’un coup les mots arrivent et nous projette dans sa vie, dans le passé.

 

Pas besoin de fermer les yeux pour vivre en son temps dans une époque proche et lointain à la fois.

 

Tant de changement en ces années du dernier siècle.

 

Il faut sortir de la structure des phrases, oublier les mots pour plonger, voir et ressenti les émotions.

 

Comprendre aussi.

 

Voir avec ses yeux, oubliez nos repères pour savourer cette plongée dans son passé.

 

Les odeurs sont différentes.

 

Le rythme plus lent.

 

Le confort moins présent.

 

La vie plus dure mais toujours prise à bras le corps, sans se plaindre, sans jalouser les voisins.

 

On perçoit au fil des phrases l’ambiance, la météo y semble aussi plus influente ou du moins plus spécifique.

 

Les détails sont nombreux, les yeux pétillants aux souvenirs plus intimes, plus doux.

 

Surtout pour les assemblées.

 

Elle se rappelle des plats qu’elle préparait pour des visites improvisées, des verres de ce vin doux qui se vident au milieu des rires.

 

Cette terre qui apportait la nourriture après de durs efforts.

 

Les conserves qu’elle faisait en fin d’été.

 

Toute cette vie défile avec ses mots, avec parfois au creux des yeux une larme qui perle.

 

Cet amour qui revient à la surface, cet homme qui a reçu tant de baisers, tant d’affection qui partageait ces nuits douces et sereines.

 

Cet homme, après une belle longue vie honnête et sans prétention parti pour d’autres cieux.

 

Mais, elle n’aime pas s’apitoyer sur cette vie de veuve, elle sait accepter ce chemin terrestre, même si aujourd’hui elle ne comprend pas toujours cette attente. Cette vie qu’elle trouve maintenant inutile.

 

Il reste les assemblées.

 

Texte de Vincent PAGEAULT